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 La Guerre des Races [Fantasy]

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Raidemo
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MessageSujet: La Guerre des Races [Fantasy]   La Guerre des Races [Fantasy] EmptyMer 14 Juin 2006 - 16:39

LA GUERRE DES RACES
Les sanglots d’un peuple déchu



Prologue

La nuit était descendue sur la plaine calcinée par la chaleur du jour. La lune surplombait le sol sec et poussiéreux de sa lueur de nacre, dévoilant le campement et les soldats fatigués. Une brise légère s’éleva, faisant courber les derniers brins d’herbe, pour accompagner le chant des terres désolées par les batailles passées et futures. Le soldat tendit l’oreille. L’air était encore chaud de la journée précédente et rendait ses paupières plus lourdes que la roche. Les dunes lointaines qui entouraient l’immense lieu de carnage projetaient leurs ombres aux contours indistincts vers les tentes usées et couvertes d’une couche de terre séchée qui s’écaillait lentement. Le soldat fouilla paresseusement dans la poche de sa veste et en sortit un paquet de cigarettes. Il l’ouvrit et grimaça en découvrant la dernière survivante de ses longues nuits de guet. L’homme hésita avant de replonger le paquet dans sa poche.
_ Tu la fumes pas ?
Le soldat fixa le jeune homme qui l’accompagnait. Il avait ôté son casque, laissant apparaître ses cheveux roux en bataille, et soufflait bruyamment sur ses mains écorchées par le métal brûlant des armes. L’homme fut parcouru d’un frisson. Le vent venait en effet de prendre le dessus, et effaçait les dernières traces d’un soleil oublié. Le gamin remit son casque sur sa tête sans prendre la peine de l’attacher et plaqua ses mains contre ses bras endoloris, puis il se tourna vers son aîné, un sourire douloureux sur ses lèvres brûlées.
_ Fait pas chaud.
_ Non.
_ Vous… bossez ici depuis longtemps ?
_ Bien trop longtemps.
Le garçon courba le dos sous une bourrasque cinglante comme un coup de fouet. La froideur du soldat semblait se mêler à celle du vent pour le faire fléchir, mais il continua :
_ Moi, ça fait trois semaines. J’ai du mal à m’habituer au rythme de cette vie de soldat, dit-il en laissant échapper un rire distrait. J’ai pas l’habitude. J’travaille dans une ferme en temps normal,… et vous ?
_ Je suis soldat à plein temps, soupira le militaire.
_ Vous avez fait beaucoup de combats ? Moi jamais… j’suis pas très à l’aise…
L’homme toisa l’enfant qui tremblait légèrement sous l’effet du vent glacial. Un souffle fatigué s’échappa de sa bouche entrouverte et il quitta sa veste.
_ Attrape.
Le jeune homme agrippa le vêtement qui tombait sur lui. Il lança un regard plein de reconnaissance au soldat avant d’enfiler la veste encore chaude. De longues minutes s’écoulèrent avant que le garçon ne reprenne la parole.
_ Ils vont venir ? Cette nuit ?
_ Je ne sais pas. Je n’espère pas. S’ils attaquent cette nuit nous ne pourrons pas riposter. Ça fait des jours qu’on marche sous ce soleil de plomb, nous sommes plus vulnérables que jamais.
_ On dit… qu’ils n’épargnent personne. Qu’ils s’approchent des camps dans un silence de mort et qu’ils attaquent soudain en tuant tous ceux qu’ils trouvent sur leur chemin…
_ Tout comme nous, murmura le soldat dans un souffle.
_ Quand le soleil se lève sur les champs de bataille… ils abandonnent les corps à moitié dévorés sur un immense charnier qu’ils laissent pourrir sous le soleil et les assauts des vers…
Le militaire écarquilla les yeux dans une mimique qui suggérait la surprise.
_ Qui t’a raconté ces conneries ?
Le garçon rougit.
_ C’est ce que disaient les soldats qui s’arrêtaient dans la ferme.
_ Teuh, toussota l’homme dont les toxines emplissaient les poumons depuis qu’il avait commencé à fumer. Foutaises. Oublie-ça.
A nouveau le jeune homme sembla hésiter.
_ … Vous les avez déjà vus ?
_ Ouais.
_ Comment sont-ils ? Est-ce que les légendes disent vrai ?
_ Si tu parle de ces légendes qui les considèrent comme les élus des dieux, j’en doute. Ce ne sont que de pauvres types qui se battent pour survivre, comme nous.
_ Mais ils sont dangereux ! Ils ont tué des tas de gens… des femmes et des enfants !
Le soldat observa le garçon qui lui lançait un regard plein d’amertume. Il soupira, il était inutile de continuer sur cette voie.
_ Ouais. C’est vrai ils sont dangereux.
_ D’après la légende, ils ont le pouvoir de changer d’apparence et ils maîtrisent les forces de la nature.
_ C’est vrai.
_ Ils se transforment en monstres… Pourquoi ?
_ … Pour faire revivre le Fauve de nos cauchemars passés.
Le garçon sembla réfléchir. Il ne comprenait pas ce que le soldat avait voulu dire. Tant pis.
Un bruit de pas. Le militaire sauta sur ses pieds et se retourna, l’arme au poing. Il n’eut pas le temps de tirer. Sa main vola dans les airs, accompagnant le fusil qui glissa sur la terre desséchée pour atterrir aux pieds de l’intrus. Le nouveau venu esquissa un mouvement que le soldat n’eut pas le temps d’esquiver. Il s’écroula au sol et entendit un bruit mate, suivit d’un crissement silencieux lorsqu’une lame transperça l’enfant. Le soldat tourna la tête vers le visage pâle et sans vie du jeune homme tombé à ses côtés. Une larme sombre roula le long de sa joue, poignardant un espoir déjà lointain.
_ Tant pis…

La lune surplombait le sol sec et poussiéreux, dévoilant le carnage sanglant qui se déroulait sur la plaine. Une main aux doigts coupés se tendit vers le ciel dans un dernier espoir, dans un dernier appel. Mais l’astre serein, dans son silence indifférent resta de marbre.

« Le Corps hurlera tandis que l’Inconnu aux yeux fauves arrachera sa Vie. »
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Raidemo
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MessageSujet: Re: La Guerre des Races [Fantasy]   La Guerre des Races [Fantasy] EmptyMer 14 Juin 2006 - 16:42

Chapitre 1 – Macheus (1/2)

Le soleil se leva, frappant de ses traîtres rayons les corps inanimés ; étoile rouge aux reflets cramoisis, tachés du sang des cadavres qui couvraient à présent la plaine désertique. Le général mâchonna le bout de sa cigarette, du moins ce qu’il en restait. Son regard d’un bleu délavé survola le champ de bataille. Les victimes de l’attaque s’étendaient sur au moins deux kilomètres. L’odeur de poudre flottait encore sur l’air cuisant du matin.
_ Y a-t-il des survivants ?
_ Aucun. Tous nos hommes sont morts.
_ Je parlais des Metek.
_ Euh, bien sûr (le soldat tourna machinalement la feuille entre ses mains tremblantes). Beaucoup sont morts… On a pu récupérer les survivants pour les emmener à Macheus. Ils sont cinq…
Le vieil homme retira le morceau de cigarette de sa bouche et cracha par terre. Une tache sombre et mousseuse se dessina à l’endroit où sa salive était tombée, puis elle disparut aussitôt, absorbée par le sol assoiffé que le sang n’avait pas repu. Il lâcha le mégot qui lui restait entre les doigts et l’écrasa.
_ … Pourquoi ?
_ Je vous demande pardon ? Général ?
_ Ta gueule.
_ A vos ordres !
Le militaire observa le champ de bataille un moment encore, puis il se tourna vers l’homme tremblant qui baissait la tête de peur de croiser le regard de son supérieur.
_ Capitaine…
_ Mon Général !
_ Formez une équipe pour aller récupérer les cadavres.
_ A vos ordres ! Mais,… cela risque de prendre du temps…
_ Je parlais bien sûr des corps ennemis, rétorqua le vieil homme, un sourire froid aux lèvres.
_ A vos ordres !
L’homme détala sans demander son reste sous le regard ironique du vieux soldat. Le général passa une main dans ses cheveux courts teintés de blanc – le blanc d’une vieillesse qui se rapproche lentement, ouvrant l’esprit à une réalité qu’il ne pouvait ignorer, celle de sa propre mort. Le brun foncé de sa jeunesse avait presque entièrement disparu, laissant transparaître son crâne humide sous les dernières mèches fines qui lui restaient. Son visage dur paraissait d’une solidité de pierre, marqué par ses longues années passées au service de l’armée. Quelques gouttes de sueur coulaient le long de son cou robuste. La chaleur devenait accablante, et l’armure de métal qui recouvrait le corps du soldat lui parut soudain plus lourde que du plomb. La ceinture de cuir qui retenait son épée contre sa hanche gauche lui blessait le bassin, s’enfonçant dans la chair musclée de son ventre. Un bruit étrange lui parvint. Le général leva la tête vers le centre de la cuvette au sol desséché. Les corps bougèrent. Le sable fin se souleva. Une rafale brûlante fouetta son visage aux quelques rides profondes, marquées par ce dieu sadique qu’est le Temps.
Les chemins de la Mort ne sont peut-être pas si glacials qu’on l’imagine, pensa-t-il, c’est bien son souffle ardent qui s’est abattu sur la plaine.
Il n’avait plus rien à faire ici. Mieux valait rentrer. Kerham remonta la lourde ceinture qui entravait ses pas, il se dirigea vers le grand Choûrto qui l’attendait près d’une Jeep rayée d’un jaune sablonneux. L’énorme antilope aux cornes aussi épaisses que ses larges sabots poussa un faible hennissement. Ses deux cornes descendant de chaque côté de son crâne, vicieusement recourbées vers l’avant et qui paraissaient d’un poids écrasant, n’empêchèrent pas l’animal de secouer sa tête plate et longue dans une négation risible. Il semblait nerveux. Kerham frissonna malgré les rayons cuisants. Une nouvelle bourrasque s’éleva de la plaine. Le vent lui apporta les fortes odeurs de charognes. Un mauvais présage. Le militaire se retourna lentement. Au sommet des dunes opposées se dressait un nuage de fumée. Kerham tandis la main vers ses jumelles qu’il plaça sur son nez. Il balaya l’étendue poussiéreuse du regard avant d’atteindre l’objet de son attention. Cinq personnes avançaient dans la chaleur accablante du matin. Trois hommes, deux femmes. Le vieil homme plissa les yeux, sa bouche se crispa.
_ Bon Dieu…

La troupe de cavaliers traversa les rues aux pavés cuisants dans un galop effréné. Les Choûrto écumants avaient le poil taché des marques de leur salive blanche. Le bruit de leurs sabots résonnait dans toute la cité. Les marchands et acheteurs se précipitaient sur les trottoirs terreux des rues pour ne pas être piétinés. Les Minahni tournaient leurs têtes chéloniennes pour observer ces soldats, orgueilleux sur leur monture aux cornes menaçantes, passer devant leurs étalages. Les humains, eux, baissaient la tête au passage de la troupe. Kerham ne les honora pas d’un regard, son grand Choûrto noir fonçait à travers Macheus pour rejoindre le palais d’Atano.

_ Général Kerham ! Vous avez fait bon voyage ?
Le militaire descendit du Choûrto dont la bouche était couverte d’une écume épaisse. Il ne répondit pas à l’homme aux yeux fourbes qui lui souriait de façon hypocrite.
_ Je dois voir Atano. Tout de suite.
_ Vous parlez de notre seigneur de façon bien familière, Général.
_ Je n’ai pas de temps à perdre Nagko.
L’homme aux yeux verts haussa les épaules sans se départir de son sourire. Il fit signe à deux hommes d’emmener les Choûrto aux écuries.
_ Très bien Général. Hâtons-nous de rejoindre le seigneur Atano, j’aimerais savoir ce qui vous a poussé à nous revenir si vite.
Le soldat emboîta le pas du conseiller non sans une once de dépit. Les deux hommes traversèrent les couloirs rafraîchissants du palais de marbre. Le parquet pourpre et luisant se reflétait sur les colonnes de pierres qui se perdaient dans un plafond sombre et paisible situé quinze mètres au-dessus d’eux. Les jeunes servantes allaient et venaient dans un murmure limpide, berçant les couloirs d’une mélodie apaisante.
_ Le seigneur se trouve sans doute dans la salle de réunion des généraux. Ixïlan est venu nous rendre visite.
_ Ixïlan, bougonna le vieux soldat. Qu’est-ce qu’il vient faire ici celui-là ?
_ Simple visite de courtoisie. Notre seigneur vient d’envoyer un chargement de vivres vers Makillon. Le seigneur Ixïlan vient sans doute proposer ses services, vous savez comment sont les Kaïsa.
_ Tout ce que je sais c’est que si Ixïlan est ici, Atano prépare une nouvelle attaque.
_ C’est fort probable, observa le conseiller avant de partir d’un rire grotesque.
La salle de réunion se trouvait dans une partie reculée du palais et ils devaient, pour l’atteindre, longer les jardins luxuriants que renfermaient les murs de marbre. Kerham laissa filer son regard sur l’herbe bien verte qui tapissait la terre humide. Il s’attarda sur la jeune fille assise contre un arbre, un roman sur les genoux et lui fit un signe de tête. L’enfant lui sourit timidement et répondit par un même signe. Le soldat savait à quel point la petite Rin était réservée, tout le contraire de sa sœur aînée. C’était l’une des seules personnes que le militaire appréciait dans ce palais. Enfin ils atteignirent la double porte. Nagko précéda le soldat pour l’annoncer. Le monarque s’avança aussitôt, ouvrant largement les bras pour accueillir le militaire.
_ Kerham ! Mon vieil ami, vous êtes déjà de retour ?
_ Oui Seigneur. Et j’ai quelque chose à vous annoncer.
_ Cela ne peut attendre ? Le seigneur Ixïlan nous fait l’honneur de sa visite.
Le vieil homme se tourna vers le seigneur Kaïsa et le salua avec respect. La grande créature à la peau cuivrée baissa légèrement sa tête allongée et cornue avec tout autant de respect. Les lames immenses qui ornaient ses poignets s’abaissèrent, tandis que les longues vibrisses insectoïdes plantées sur son crâne enchaînaient une danse hypnotique en l’hommage du soldat.
_ Je suis navré Seigneur, mais c’est de la plus haute importance.
_ Dites Général, entonna la voix grave et bourdonnante du Kaïsa qui faisait rouler ses r dans un son harmonieux.
_ Des Metek, reprit le militaire. Ils se dirigent par ici.
_ Comment, s’exclama le conseiller. Des Metek en liberté !
_ Pas n’importe lesquels Seigneur, continua Kerham sans se soucier de l’homme aux yeux verts. J’ai reconnu Anko et sa garde.
A ces mots, les trois visages se raidirent. Même le guerrier aux allures d’insecte qui gardait toujours son sang-froid parut perdu. Devant ce silence attentif, le soldat reprit :
_ Ils arrivent par la plaine. Si Anko est venue seule c’est qu’elle veut vous parler Seigneur.
Le roi posa un regard crispé sur son conseiller. Celui-ci hésita.
_ Espérons… que personne n’aura l’idée de les affronter. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter l’entrevue, marmonna l’homme entre ses dents.
_ Avec votre permission, je pourrais me rendre à leur rencontre et les escorter jusqu’ici.
_ Très bien Général. Allez-y.
Le soldat recula d’un pas et salua, puis il quitta la pièce.

La tension extrême qui régnait dans la grande salle faisait trembler les larges tapis qui recouvraient le parquet ciré. Les fenêtres cristallines emplissaient la pièce d’une lueur douceâtre. Le monarque dont la toison était aussi noire que dans ses jeunes années restait immobile, fixant les rainures du bois d’un air maussade. Atano enleva finalement sa main de la grande table en ébène, laissant une marque humide sur le bois frais.
_ Des Metek dans mon palais… grinça-t-il d’une voix amère.
_ Nous ne pouvons pas refuser l’entrevue Seigneur. Pas à la fille héritière de Belial.
_ Et les prisonniers ?
_ Lesquels Seigneur ?
_ Ceux que nous avons récupérés sur le dernier champ de bataille.
_ Ils ont été vendus sur le marché.
Le roi porta une main à son menton, signe d’une grande inquiétude.
_ Y avait-il des soldats importants parmi eux ?
_ Pas que je sache, Seigneur.
Le guerrier Kaïsa s’approcha finalement de l’homme soucieux.
_ Ne pas s’en faire, chantonna la lourde voix. Princesse Metek sera bien reçue et ne pourra rien tenter contre seigneur ennemi. Juste proposition. Arrêt de Guerre peut-être.
_ Ridicule. La Guerre ne prendra pas fin à la suite d’une simple entrevue.
Ixïlan baissa la tête en fermant les yeux d’un air songeur.
_ Bien trop simple, ajouta-t-il d’une voix profonde.
_ Seigneur, reprit Nagko, nous devons nous préparer !
_ Oui, bien sûr, fais appeler mes généraux et dis-leur de se rendre dans la salle du trône pour accueillir ces choses.
_ Bien Seigneur.
L’homme aux yeux de serpent quitta la pièce précipitamment, abandonnant son roi et le seigneur Kaïsa. Celui-ci resta silencieux un moment en observant le monarque au regard noir. Il n’arrivait pas à comprendre le fiel qui poussait ces deux peuples à s’entre-tuer. Atano et Belial s’étaient déclarés la guerre quelques années plus tôt, entraînant leurs communautés respectives dans des massacres sans fin. Ixïlan s’approcha de l’homme et posa une main sur son torse huileux avec déférence.
_ Puis-je rester, Seigneur ?
_ Bien entendu, articula le souverain. Votre présence ne pourra que me rassurer.
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MessageSujet: Re: La Guerre des Races [Fantasy]   La Guerre des Races [Fantasy] EmptyMer 14 Juin 2006 - 16:43

Chapitre 1 – Macheus (2/2)

La jeune fille suivit le vieux soldat du regard tandis qu’il traversait les jardins d’un pas rapide. Elle releva ses cheveux noirs encore humides de sa toilette matinale, pour suivre la course de Kerham qui disparut dans les couloirs.
_ Qu’est-ce qui se passe ici ?
Rin sursauta. Elle vit le visage de sa sœur se pencher au-dessus d’elle. Un visage fin, encadré de longues mèches sombres et surmonté d’une chevelure noire comme du charbon qui descendait le long de son dos ténu.
_ Je ne sais pas, murmura la jeune sœur. Le Général Kerham est entré dans la salle des généraux et en est ressorti, il semblait pressé.
_ Le vieux ? Pressé ? Il doit se passer quelque chose d’intéressant, sourit la sœur aînée. Viens, allons voir ça.
_ S’il-te-plait Hay, nous n’avons pas le droit… Père ne sera pas content.
La princesse approcha son visage aux traits délicats de celui de sa sœur. Ses yeux noirs scintillaient d’une malice enfantine.
_ Comme dirait le Professeur : Il faut savoir jouer son va-tout pour suivre le Cheminement.

Un silence tendu avait empli l’immense salle aux peintures idylliques. Les généraux se courbaient au passage des cinq êtres abjects dont les corps aux formes humaines renfermaient un esprit bestial. Atano se leva et descendit lentement à la rencontre de ses hôtes, son conseiller sur les talons. Ixïlan était resté prés du trône, aux côtés du Général Kerham. Ils observaient les Metek se muer silencieusement au milieu de cette cour hostile. Une jeune fille marchait en tête du groupe. Ses cheveux semblaient fait de filons d’argent, et était attachés sur sa nuque avant de retomber entre ses omoplates. Quelques mèches effilées encadraient soigneusement son visage fin et doux. Sa silhouette élancée, enveloppée dans une veste noire, sans manche, et un pantalon au tissus noble, parraissait flotter sur l’air troublé par la tension ambiante. Quatre soldats la suivaient. Trois d’entre eux portaient des vêtements de cuir, incrustés en plusieurs endroits d’un métal sombre. Des armures qui semblaient aussi solides que légères et des casques aux formes acerbes, cachant à tous leur visage et ne dévoilant que leurs yeux perçants. Le dernier des guerriers était un homme grand. Très grand. Ses vêtements noirs et argentés laissaient penser qu’il faisait partie d’une classe supérieure. Ses cheveux d’une clarté étonnante étaient légèrement dressés sur son crâne, repoussés vers l’arrière comme la fourrure agressive des grands félins. Ses iris, l’un d’un bleu diaphane et l’autre d’un rouge sanglant, encerclaient des pupilles fines en forme de lame. Son pas lourd seul resortait du cortège, accompagnant les tintements du métal de leurs vêtements. Ils s’arrêtèrent enfin, faisant face au seigneur.
Atano salua la princesse qui suivit le moindre de ses mouvements de ses yeux gris clair. Elle salua à son tour, s’inclinant doucement face au roi.
_ Bon sang, murmura soudain Kerham.
_ Que se passe ? Interrogea le Kaïsa.
_ Le type à sa gauche, c’est Alban.
_ Vous sûr ?
_ Aucun doute.
_ Général Metek très dangereux si je me souviens ?
_ Exact, je ne savais pas qu’il avait pour boulot de jouer les nounous.
Le grand Metek aux yeux vairons fixait l’assemblée d’un regard froid et cruel. Son visage dur était figé sur une expression nerveuse. Apparemment, il n’avait qu’une envie : quitter cet endroit qui déclenchait l’alerte de ses instincts meurtriers. Les trois autres Metek restaient imperturbables. Leurs yeux étals, au travers de leurs casques sombres, étaient rivés sur le souverain, et celui-ci n’en fut que plus gêné.
_ Soyez la bienvenue dans mon palais, Princesse, finit-il par prononcer.
La jeune fille leva son regard glacial, deux disques métalliques à la couleur d’un ciel orageux, et répondit d’une voix bien plus douce que chacun n’aurait pu l’imaginer :
_ Merci seigneur Atano. Nous vous sommes reconnaissants d’accepter aujourd’hui cette entrevue.
A ces mots, trois des Metek s’agenouillèrent. Mais le grand guerrier aux yeux bleu et rouge fixa plus intensément le monarque. Percevant le malaise de son roi, Nagko prit la parole :
_ Que nous vaut l’immense honneur d’une telle visite ?
_ Je suis venu ici de ma propre volonté, reprit la jeune fille d’une voix sûre. Le seigneur Belial n’est pas au courant de ma venue. Je souhaite simplement vous faire une proposition.
Kerham ne put s’empêcher de sourire. Cette gamine savait ce qu’elle voulait, et c’était quelque chose que le soldat appréciait. A cet instant, un léger bruit se fit entendre derrière le lourd rideau rouge placé à l’arrière du trône, à un mètre du soldat. Celui-ci tourna la tête et aperçut la fille aînée d’Atano. Elle lui sourit et plaça un doigt devant sa bouche pour dire au militaire de garder le silence. Le vieil homme sourit à son tour pour lui faire comprendre qu’il n’avait rien à dire.
_ Très bien, nous sommes prêts à entendre votre proposition, déclara le conseiller qui ne pouvait, malgré ses années de pratique, esquisser le moindre sourire pour cacher la haine qui l’habitait. Les cinq créatures ne semblaient, heureusement, nullement touchées par cette absence de sympathie qu’ils n’auraient, de toute évidence, guère partagée.
_ Cela fait bien longtemps que nous sommes en guerre. Sans demander, dés maintenant, l’Armistice, je vous prie cependant d’en accepter l’idée. Nous gardons prisonniers bon nombre de vos soldats. Je vous propose donc de leur rendre leur liberté en échange de celle de nos hommes.
Des murmures réprobateurs s’élevèrent de l’assemblée. Nagko s’approcha du roi pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. La princesse Metek se raidit, son visage s’assombrit et ses pupilles se rétractèrent au milieu d’un océan grisâtre, mais elle ne dit rien. Atano leva la main pour faire taire ses généraux, et reprit finalement la parole :
_ Votre proposition me paraît, certes, intéressante, mais je ne peux m’y résoudre sans l’accord de votre père.
_ Le seigneur Belial est bien trop absorbé par la Guerre pour daigner se préoccuper du sort de son peuple, proféra la jeune fille d’une voix qui fit trembler les énormes colonnes de pierre.
_ C’est un fait, répliqua violemment le conseiller. Qui peut nous assurer que votre roi tiendra parole ?
_ Je m’y engage personnellement, décréta la jeune princesse.
Le roi et son conseiller partirent d’un rire piquant, suivis de près par l’assemblée tout entière. Kerham s’élança vers son souverain, la main sur son épée ; les Metek n’accepteraient pas une telle humiliation.
Ils n’eurent pas le temps de réagir. Le grand Metek au regard de fauve s’arrêta net, ses griffes de métal emprisonnant le visage d’Atano de leur ombre menaçante. Les généraux s’étaient figés, certains avaient sorti leur épée. Nagko ne cilla pas. Son corps entier se raidit sous l’afflux du venin qui nourrissait sa haine. Il se contentait de fixer le bras musclé du monstre stoppé dans sa course vers la tête du souverain. Celui-ci était resté planté, hébété face à la sauvagerie du coup qui ne l’avait pas atteint. Une grosse goutte de sueur descendit le long de sa tempe gauche.
_ Suffit Alban, intima la jeune fille sans esquisser le moindre mouvement. Baisse ton arme.
Le général ramena lentement son gant de métal vers lui, permettant à Atano de pouvoir à nouveau respirer librement. La folie meurtrière qui avait un instant brillé dans les yeux du Metek s’appaisa légèrement, mais la grimace de colère dévoilant sa dentition n’avait pas disparu.
_ Ceci… est un scandale, lâcha Atano dans un souffle.
_ Seigneur, s’empressa Ixïlan qui avait rejoint la scène. Peut-être reporter entrevue.
Le Kaïsa se tourna vers les Metek aux regards chargés d’un dangereux courroux. Il s’inclina respectueusement face à la princesse qui lui rendit son salut. Les trois gardes saluèrent à leur tour. Seul le général resta inflexible, transperçant de son regard aux pupilles rétractées le roi et son conseiller.
_ Continuer inutile, reprit le guerrier insectoïde. Mieux autre fois.
La jeune fille acquiesça, puis se tourna vers Atano.
_ Je suis peinée de voir que nous ne pouvons nous entendre. Je vous prie d’accepter mes excuses et celles de mon général pour vous avoir importunés, et vous promets de tenter tout ce qui est en mon pouvoir pour devenir digne de votre confiance.

Hay avait pu placer sa main devant la bouche de sa sœur juste à temps pour étouffer un cri. Elle la retira délicatement lorsque la tension de la cadette disparut. La jeune fille aux cheveux longs poussa un soupir contenu et tourna son visage crispé vers la salle encore sous le choc de l’agression. Les Metek saluèrent, plaçant leur poing serré sous leur gorge démunie. Puis ils tournèrent les talons. Un silence mortuaire pesa sur l’assemblée jusqu’à ce que les cinq êtres disparaissent par la grande porte aux reflets rougeâtres.
La jeune fille sentit une main tremblotante agripper le haut de son vêtement. Rin s’était légèrement rapprochée et observait la scène de ses yeux humides. Hay ne fit pas attention à elle. Elle jeta un dernier coup d’œil au roi, qui hurlait rageusement à ses soldats de quitter la pièce. Puis la sœur aînée se retourna pour se diriger sans bruit vers les jardins chaleureux, abandonnant Rin, agenouillée derrière le lourd rideau, qui contemplait encore le centre de la salle, là où s’étaient dressés les cinq Metek.

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